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jeudi, 23 mai 2013

Le diner

Oui, j'ai beaucoup de notes en retard...

Mais là je viens de finir Le diner, d'Herman Koch, et j'ai envie d'en causer.

Comme son titre l'indique, il s'agit d'un diner. Entre 2 frères et leurs femmes respectives. AU delà d'une certaine animosité fraternelle, la rencontre se corse d'une discussion à avoir au sujet des enfants des 2 couples qui ont fait ensemble quelque chose de vraiment pas bien.

Chaque partie du bouquin correspond à une partie du diner, de l'apéro au dessert, sans oublier le pourboire. 

On y suit Paul, le frère le plus banal des 2, mais en apparence seulement. Ancien prof qui a "craqué", avec des tendances violentes réprimées la plupart du temps sauf quand il est "contrarié", il est traité médicalement et ne bosse plus depuis 9 ans. On ne sait pas trop ce qu'il fait depuis à part filer le parfait bonheur avec Claire avec qui il croit communiquer quasi télépathiquement enfin jusqu'à avoir compris ce qu'a fait leur fils de 15ans, Michel, avec son cousin Rick du même âge.

A coté, il y a Serge, futur premier ministre hollandais, séducteur, poseur, macho, aux envies simples : manger quand il a faim, mais là tout de suite maintenant. Serge attire la lumière, réserve à la dernière minute dans des restos chicos, se fait remarquer partout où il passe. La lumière à coté de Paul le ténébreux. ÇA fait des étincelles, forcément.

On suit donc le déroulemet du repas, entrecoupés de flashbacks illustrant les pensées de Paul, expliquant son passé, ses pulsions inexpliquées, son dégoût de ce qu'est devenu son frère, son amour quasi déraisonnable pour son fils,  digne rejeton de son père sur bien des aspects. À mi-parcours, on y apprend aussi plein de détails sur l'événement dramatique à l'origine de ce diner.

Commençant de façon presque anodine, ce roman dérive rapidement dans une violence tout juste contenue, on est transformé en voyeur contre son gré. Les événements sont cruels, les protagonistes sont antipathiques et cruels, la conclusion de l'histoire est cruelle, voire complètement amorale. Jusqu'où l'amour maternel ou paternel peut aller? Dissimulation de preuves, meurtre, complicité?

Ce roman n'est pas un "thriller" mais n'est pas exempt d'un suspense certain. La situation n'est dévoilée que par petites touches, entre 2 bouchées, 2 pensées, 2 flashbacks...

Le resto, son maitre d'hotel et surtout son petit doigt désignant les divers plats qui défilent de façon nonchalante et blasée (mais de beaucoup trop près pour Paul!) sont un personnage très présent tout le long de l'histoire, symbolisant bien la prétention des restaurants choisis par Serge, en opposition au "café d'en face", "propriété" de Claire et Paul dont Serge veut négligemment faire sa chose tout comme il veut choisir le "meilleur" pour le futur des enfants.

J'ai bien aimé ce roman glauque, bien qu'il soit peuplé de gens antipathiques au possible. Le tout n'est allégé que par la charge rude de Koch contre ses compatriotes, leur façon de manger, leurs vacances en France, leurs gros sabots (haha)... 

23:54 Publié dans Lu | Lien permanent | Commentaires (2)