samedi, 06 avril 2013
A place beyond the pines
Alors voila, on commence les choses sérieuses (?) par une petite (?) note sur ce film du metteur en scène de Blue Valentine (que j'ai toujours pas vu malgré mes résolutions), un certain Derek Cianfrance si j'en crois Imdb car je n'ai pas d'opinion sur le sujet, ce monsieur étant un parfait nobody pour moi. Cela dit, il a aussi participé au scénario et euh ben il a très bien réalisé à mon avis. Ouais ça commence bien tout ça, non?
Sinon, dedans il y a pas mal 2 des coqueluches amerloques du moment. Ryan Gosling et Bradley Cooper. Tous élus plus bel homme du monde ou de l'univers ou de la semaine qui sait. Traitons les 2 cas différemment.
Bradley d'abord. Première fois que je le vois dans un film... J'accroche moyen. Pas mon genre de bonhomme, yeux trop bleus, cheveux trop bien placés, trop étatsunien, mais bon, pas mal quand même. Enfin j'avoue, ce que je préfère chez lui, c'est l'entendre causer super bien français aux infos pour parler de tel ou tel film. Bonjour la teneur de la critique cinématographique ;-)
Ryan ensuite. Canadien déjà (à placer, ici, le cri du caribou). Bon initialement j'ai pas trop accroché. Mais je l'ai vu dans Lars and the real girl, en débile léger mais attachant qui tombe amoureux d'une poupée gonflable et euh ben, j'y suis allée à la base parce que j'avais gagné des billets mais contre toute attente, j'ai adoré. Ryan est tout simplement craquant en provincial niais et naïf. Je me rappelle plus trop du reste du film, à part lui.
Ensuite, il y eut Drive.
Affiche très moche par contre, non?
Que j'ai vu bien après tout le monde. Parce que quand il y a trop de "hype", ça me donne pas envie, trop peur d'être déçue. Mais parfois, on prend l'avion. Et c'est fou comme rester assise dans une petite boite pendant 7-8 heures ça donne envie de regarder tout et n'importe quoi. Ou Drive. Le tout, pas dans des conditions idéales : petit écran, système de divertissement qui déraille et coupe le film toutes les 5 minutes avec nécessité de reprendre le tout à chaque fois péniblement. Et malgré tout, j'ai adoré. L'ambiance, la musique et Ryan. Pas que lui. Il y a aussi le père de Malcolm, ou enfin le héros prof de chimie (j'aime les profs de chimie) et dealer de crack, qui est fort bon et très touchant.
Bref, voila ce que je connais de Ryan. En gros, depuis 2 ans, tu lui mets un truc à conduire entre les papattes et il te fait ça avec brio et cool. Voiture, moto, amenez-en. Par contre, en général, il va pas forcément respecter la loi... ce qui lui réussi plus ou moins! Mieux dans Drive que dans le cas qui nous occupe...
Bon, il y a aussi Eva Mendes, pas mal du tout mais qui devrait porter plus souvent un soutien-gorge adapté. Ray Liotta qui ne semble pas cap' de jouer le rôle d'un bon type (et qui n'arrête pas de tourner vu son programme pour 2013, que doit-on en déduire? Et dire que je le pensais total has been!). Plus 2 petits jeunes dont celui que j'ai préféré, qui m'a fait penser Sam Riley en chanteur de Joy Division dans Control, avec ses yeux cernés.
Bon c'est pas tout ça, mais de quoi ça cause ce film? Alors là je suis partagée... Peur de trop en dire! J'avais lu 2-3 trucs sur le sujet et c'était presque trop. En gros, on peut dire que ça illustre le doigt dans l'engrenage, le mieux qui est l'ennemi du bien, peut-être même la transmission d'une tare génétique a la Zola. Le film se passe en 3 temps et on peut dire que les héros, plus au sens figuré que propre, pensent s'en sortir et progresser mais on voit très vite que c'est illusoire.
Bref, ça commence avec Ryan. Enfin, ses abdos. Et là je dis (encore!) bravo. Bon ça se gâte un peu quand on le voit couvert de tatouages. Parce qu'il ne s'agit pas de tatouages bobos, jolis, consensuels et conceptuels, à la limite du Michelangelo du dermographe. On dirait que tous ses potes s'y sont essayés sur lui. Sans oublier le petit poignard sanglant qu'il a au coin de l'oeil. Idée de Ryan l'acteur. Mais qui a voulu l'enlever au plus vite. Ce que le vilain réalisateur a refusé. PArce que ça le marquait au fer rouge. Et oui, l'implacabilité du destin tout écrit marque aussi ce film.
Oh oui, et ça se passe à Schenectady. Dans l'état de New York. Où la ville de New York n'est pas. Mais à 300 km au dessus de New York justement. On fait un peu de géographie au passage. Petite ville inintéressante et grise. Enfin, selon le film, je connais pas. Rotterdam est sa banlieue, si si. Pas loin d'Albany, capitale de l'état. Mais ça a son importance. LA ville est là, même si on la voit pas tellement elle est quelconque et on sent son poids sur le destin de nos "héros".
Donc Ryan est cascadeur en moto dans une sorte de cirque/foire ambulant. Un soir, enfin le soir des abdos, il fait son show, il signe des autographes car il a sa base de fans et là, il voit Eva. Sans soutif. Ça a pas l'air de le gêner. Mais moi oui. Parce qu'il semble pas faire froid. Bref. Eva est une ancienne flamme à laquelle il n'a pas donner de nouvelles depuis plus d'un an. Il la ramène, elle veut pas causer plus que ça, elle a un mec, elle voulait juste constater sa présence.
Mais le lendemain, Ryan apprend accidentellement qu'elle a eu un fils. De lui. Choc. Ryan laisse tomber sa vie de saltimbanque, il veut être un papa pour son fils. Le hic c'est qu'il n'a pas un sou vaillant (si tout est passé dans les tatouages...). Et qu'il veut assurer. Pour montrer à Eva qu'il est un vrai père et mieux que Kofi (elle a pas mauvais goût Eva), le nouvel homme dans la vie de sa famille à lui. Vu qu'il ne sait rien faire à part être un prodige à moto et qu'il a besoin de fric là tout de suite maintenant, on se doute bien vite qu'il risque de ne pas choisir de travailler à Macdo.
Et là, doigt dans l'engrenage... jusqu'à la fin du premier acte. Où, boum, Bradley apparait. Sans se presser. Enfin si un peu quand même. Mais à partir de là, attention, gros risque de spoilers!!!
Acte 2. Bradley, fils d'un juge, études d'avocat, a voulu devenir flic. Contre l'avis de son papa (juge) et de sa femme (pas dupe). Pour avoir l'impression d'agir. Ce qu'il a fait. Agir. Mais il ne vit pas bien avec la responsabilité, voire même la culpabilité, de ses actes. Alors qu'il a fait ce qu'il devait. Ou pas. Pas bien clair pour moi sur le coup. Bradley est papa aussi. D'un môme du même âge que Ryan. Vu certains événements il a un rapport compliqué à la fois avec la culpabilité et la paternité. Pas facile d'être papa dans ce film. ET ça va pas s'arranger. Parce que Ray Liotta est là. Le roi des rôles de gars pas sympa! Je me souviens de ce film nul où il terrorisait ces pauvres Kurt Russel et Madeleine Stowe. Un flic déjà. Et pas sympa. Ah mais il y avait quand même The unforgettable où il est le gentil héros c'est vrai... Bon, pas avec ça qu'il risque un Oscar non plus... Bref, il sera néanmoins instrumental dans la future carrière de Bradley. Tout ça pour un petit "rituel" policier qui le met face à face avec la réalité de ce qu'il a fait. Et oui, agir, en théorie, c'est bien mais en pratique, ça peut heurter les sensibilités. Tout comme jouer au preux chevalier face à des collègues moins purs peut rapporter gros sur certains plans, et pas sur d'autres.
Acte 3. 15 ans plus tard. Brad perd son papa. Et a divorcé. Et se présente à des élections. Et a un fiston qui tourne mal. Avec une sale gueule de petite frappe bodybuildé. Qui vit avec sa mère. Pas à Schenectady. Mais qui revient sous le toit paternel. Schenectady, the return! Et là, qui croise-t-il? EN tout premier, hein. Le destin fait vraiment bien les choses. Le fiston de Ryan. Le genre un peu poète maudit aux yeux cernés. Et Eva, à peine vieillie. Et même Kofi, chouette père de substitution. Et là, retour aux sources, la vérité qui éclate et le dénouement sous les yeux impuissants de Brad qui essaie de jouer au gentil pour compenser mais qui devra quand même faire face à ses actes. Et c'est vrai qu'on voit de nos jours que les politiciens ont pas l'habitude.
Bref, la boucle est bouclée. On suppose que ce séisme remettra tout le monde sur le chemin tout tracé pour eux. La moto, la route, la justice. Le destin qui vous rattrape quoi. Comme si on avait aucun moyen de s'en sortir.
J'ai beaucoup aimé en gros. Très bien joué. Une photo travaillée un peu délavée par moments, qui reflète la grisaille de la ville, la pluie et le destin qui déroule implacablement le menu, avec des personnages qui se détachent très bien sur ce fond morose, comme des marionnettes plaquées sur un décor peut-être. Les thèmes, la paternité, le destin, la responsabilité, ne seraient pas reniés par un certain naturalisme à la Zola, première chose à laquelle j'ai pensé en en sortant.
Bref, j'ai essayé de pas trop en raconter pour pas nuire au film alors si jamais reste encore un peu d'intérêt, courrez-y ;-)
Par contre, le Cinétoile et son entracte en plein acte 2, là c'est juste pas possible! J'avais envie de crier à mes voisins "MAis achetez rien, comme ça, ils arrêteront cette coupure contre nature!!!" alors qu'ils se sont tous levés sans exception. Mais j'ai fait de la résistance, na! Bref première et dernière fois que je tente... à moins que je gagne encore des billets, qui sait? vu le prix du cinéma à Lausanne...
00:00 Publié dans Vu sur grand écran | Tags : a place beyond the pines, ryan gosling, bradley cooper, eva mendes, derek cianfrance, schenectady, moto | Lien permanent | Commentaires (6)